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Nos aventures, nos rencontres, nos émotions
28 mai 2014

Délégation belge en visite

 

 

Chers lecteurs, chers amis, nous nous confondons en excuses pour tous ces jours écoulés sans aucune nouvelle. Pas de nouvelle, bonnes nouvelles ! Nous sommes maintenant en Equateur.

Au début, nous pensions rapidement vous expliquer les quelques jours passés au Pérou, sans trop s’attarder étant donné que le programme était, a priori, uniquement constitué de vélo. Détrompez-vous, ces derniers jours au Pérou furent plutôt surprenants.

Si nous analysons ces quelques jours sous forme d’une coupe topographique, nous concluons rapidement qu’il s’agit d’une montagne russe.

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Premier jour, départ de Cajamarca pour une montée douce, mais longue, dans les alpages. Afin d’achever la transformation des 10 derniers kilomètres d’ascension en route asphaltée, une quarantaine d’ouvriers sont dépêchés sur les lieux. Ces derniers, répartis de façon uniforme tout au long du parcours, ont parsemé notre route d’encouragements, de signes de la main, de sifflements, de félicitations, d’admiration, … Le tout couronné par un repas offert lors de notre arrivée au sommet.

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Après une nuit passée dans la vile pittoresque de Celendin, nous passons un col et c’est partit pour une descente de presque 3000 mètres de dénivelé ; quelques flocons au sommet, 35 degrés et une rivière pleine de crocodiles dans le fond. Des enfants nous guident vers leur école où ils nous invitent à passer la nuit. On nous avise gentiment que la journée de demain sera inversement proportionnelle au parcours réalisé aujourd’hui ; de 400 mètres, il nous faudra remonter jusqu’à 3600 mètres d’altitude.

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Nous passons la fin de l’aprem sous les yeux curieux et émerveillés des enfants. Nous leur apprenons à faire du vélo, ils nous récitent chants et poésies de la fête des mères (qui a lieu le lendemain), et nous confectionnent des dessins, nous scellons notre amitié en mangeant une glace à l’ombre d’un cocotier.

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Yes, we can !

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Après 9 heures d’ascension, 60 km de montée, se profile le sommet tant attendu. À plusieurs reprises, nous avons cru ne pas y arriver en une fois ; qu’on soit au début, au milieu, ou à la fin, on nous signifiait qu'il restait toujours au moins deux heures de route supplémentaire.

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Parties avec dix pains et deux avocats, nous sommes assez contentes (euphémisme) de trouver un petit resto à 12h30 précise sur cette petite route étroite perdue et serpentant à flanc de montagne.

Plutôt inattendu, c’est dans ce cadre exceptionnel que Vincent nous tombe dessus. Vincent est implanté à Louvain-La-Neuve et Rio de Janeiro, nous avions contacté ce dernier il y a maintenant plus d’un an afin de lui rendre visite au Brésil dans le cadre de ses travaux liés au développement des zones rurales. Les circonstances ont fait que nous ne l’avons pas rencontré et avons perdu contact. C’est donc par le plus grand des hasards que nous le retrouvons trois pays plus loin.

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Voici sa version de nos retrouvailles :

Je suis en train de terminer une mission de supervision d’un projet de développement rural du gouvernement péruvien dans les Andes (Proyecto Sierra Norte), appuyé par les Nations Unies, dans l’une des régions les plus pauvres et les plus difficiles d’accès du Pérou, les régions montagneuses du Nord. Je terminais aujourd’hui une série de visites à des communautés paysannes et je reprenais le chemin du retour vers Chachapoyas après avoir parcouru 2000 km en une semaine sur des chemins entre le ciel et la terre. Nous sommes partis de Cajamarca tôt le matin ce dimanche de fêtes des mères, prêts pour un voyage de retour de 10 heures de 4x4. Nous avons commencé à monter et descendre d’une vallée à l’autre, traversant des petits villages andins sur des routes longeant des précipices où il faut faire des manœuvres lorsque l’on croise un autre véhicule en espérant qu’il ne soit pas trop grand, dans des paysages grandioses, sans doute les plus majestueux paysages de montagnes avec ceux de l’Himalaya. Nous étions 4 dans la voiture, moi assis à côté de mon ami chauffeur expérimenté, prenant des photos, ce que je ne fais que rarement ces dernières années. Nous étions en train d’arriver au plus haut des cols de la région sur la petite route qui traverse cette partie des Andes surmontant des abîmes dans un cadre de paysages époustouflants, faisant attention à chaque courbe où pourrait survenir un rare véhicule dans le sens inverse, lorsque soudain je suis resté bouche bée devant un spectacle absolument inattendu : deux vélos grimpaient devant nous sur cette petite route en colimaçon face à des paysages infinis, deux filles blondes avec leur impers fluos orange et jaune et leurs vélos équipés qui se sont rangés pour laisser passer la voiture qu’elles entendaient derrière. J’ai tout de suite pensé qu’il pouvait s’agir de Maité et Floriane car je pense souvent à elles et à leur périple fou qu’elles sont venues me raconter à Louvain-la-Neuve il y a un an, mais je ne savais pas où elles étaient. Incroyable cette rencontre au bout du monde, sur l’une des routes les plus difficiles de la planète. Avec le mouvement de la voiture je n’étais pas sûr que c’était elles, j’ai crié en demandant si elles étaient belges, et c’était bien elles que j’avais devant moi! J’ai fait arrêter la voiture. On s’est embrassés les larmes aux yeux, nous avons observé qu'elles allaient bien malgré l'épreuve de cette énorme montée, nous avons fait des photos émouvantes. Comme j’étais accompagné d’une équipe nous n’avons pu parler que 15 minutes dans le froid des 3600m qu’elles allaient atteindre 10 km plus loin pour commencer après le col la longue descente vers la vallée de Leymebamba. J'ai été triste de devoir les abandonner. Je leur ai présenté rapidement l’équipe du projet que je supervise, ils ont échangé des coordonnées pour pouvoir se retrouver en bas quand elles arriveront à Chachapoyas dans deux trois jours. Il était 16h quand nous les avons laissées reprendre la route et elles devraient avoir atteint la vallée et le village deux heures après à la tombée du jour. Bravo ! C’était un beau moment d’émotion au milieu d’une grande aventure!

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Deux jours plus tard, nous sommes de nouveau face à Vincent, autour d’une table de restaurant. Grace à lui, nous avons eu l’occasion de visiter et en apprendre plus sur le projet gouvernemental Sierra Norte durant les jours qui suivirent. L’objectif porteur du projet est de valoriser les ressources et les savoir-faire des différentes communautés de la région Nord du Pérou visant ainsi à diversifier les sources de revenus familiaux, diminuer les problèmes de malnutrition, maintenir les rites ancestraux,…

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La confection de céramique selon un processus transmis de mère en fille depuis la nuit des temps représente un exemple de savoir-faire valorisé par Sierra Norte.

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Dans le rayon malnutrition, le projet stimule la re-création de jardin potager intégral, c’est-à-dire une zone de culture alliant production diversifiée, espèces locales, engrais et insecticides bio.

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Enfin, la forêt de pin plantée par la communauté de Cuemal constitue un superbe exemple de conservation et valorisation des ressources dont disposent les populations locales. Dans le Nord du Pérou, au-delà de ses différents usages bien connus, le bois est un élément essentiel pour cuisiner. Suite à une exploitation intensive des forêts, ces dernières ont petit à petit disparu du paysage. Dans ce contexte, la communauté (avec l’aide de la région par la suite) a commencé un grand projet de reforestation des zones inoccupées (700 ha). Aujourd’hui, en plus du bois de chauffe que leur procure la forêt, les populations bénéficient d’une zone récréative et potentiellement touristique, d’une source de champignon potentiellement commercialisable et d’une réserve pour la biodiversité.

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Globalement, comment s’organise le projet Sierra Norte ? Leurs actions sur le terrain s’articulent autour de concours entre les communautés ; le comité de chacune d’elles reçoit de l’argent du projet afin de mettre sur pied des concours et d’apporter aux participants les outils techniques appropriés (cours donnés par un personnel qualifié et visites de réalisations existantes). Cette façon de faire stimule la créativité et l’intérêt des participants, et constitue un moteur de changement sans pour autant dire explicitement ce qu’il faudrait changer. Ainsi, dans l’exemple du potager, le concours motive les participants à s’impliquer dans celui-ci. Des cours sont organisés afin d’enseigner différentes pratiques culturales. De fil en aiguille, les participants se rendent compte qu’ils peuvent produire leur alimentation plutôt que de dépenser leur argent à l’acheter ailleurs. De plus, cela favorise une alimentation plus saine et cela génère potentiellement une source de revenu supplémentaire grâce aux surplus.

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Changement de décors pour la suite du trajet, nous descendons dans ce qui ressemble plus à une forêt amazonienne, avant de parcourir une zone dédiée aux rizières et aux cocotiers.

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Tout à coup, notre route de pierre débouche sur une rivière, c’est alors que surgit une barque, tout naturellement nous y montons et passons sur l’autre rive en imaginant les crocodiles sous nos pieds. S’en suit une bien longue ascension dans la boue (hooo joie des pluies tropicales) couronnée par le meilleur café du Pérou (et c’est peu dire). Cafénor nous offre même un flacon de liqueur de café à utiliser quand nous nous sentirons seules sur les routes de la forêt équatorienne.

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C’est le maire du village frontalier qui nous accueille pour notre dernière nuit au Pérou, enchanté de cette soirée interculturelle. Nous terminons donc sur une note bien positive.

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Le lendemain, nous franchissons (enfin) la frontière après avoir expliqué au douanier son métier (il ne savait pas s’il devait ou non nous mettre un cachet de sortie). La suite sera à l’image des routes équatoriennes ; dur pour les jambes et chaud. On vous écrit bientôt la suite !

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Le ying et le yang représente bien l’impression générale que nous laisse le Pérou. Une partie négative ; les gens qui nous sifflent dans la rue, nous regardent avec leurs yeux de prédateurs, manquent de respect aussi bien sur la route que dans les boulangeries, nous appellent « gringa » d’un air dédaigneux, nous considèrent comme une banque sur pate et, cerise sur le gâteau, une police corrompue. Mais le Pérou c’est aussi beaucoup de souvenirs très positifs ; des gens qui nous saluent et nous encouragent le long de la route, qui nous donnent de la motivation et des fruits, qui se plient en quatre pour partager avec nous leurs connaissances et leur travail, et finalement ce sont des paysages à couper le souffle !!

 

 

 

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